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Araf, quelque part entre-deux.

SORTIE SALLES LE 2 JUILLET 2014

DOSSIER DE PRESSE 

Durée                                                 120 min.Langue/ Sous-titres                        Turc / Français

© visa d’exploitation n° 128.928

Fiche technique :

Réalisation                                Yesim Ustaoglu

Scénario                                     Yesim Ustaoglu

Image                                         Michael Hammon

Décors                                       Osman Özcan

Montage                                     Naim Kanat, Mathile Muyard, Svetolik Zajc

Son                                              Bruno Tarrière

Costumes                                   Ayse Yildiz

Musique                                     Marc Marder

Une co-Production :

CDP  – Catherine Dussart –  France

Ustaoglu Film – Yesim Ustaoglu – Turquie

The Match Factory – Michael Weber – Allemagne

Supporté par  T.C Kültür Ve Turizm Bankanligi Telif Haklari Ve Sinema Genel Müdürlügü,

Centre national du cinéma et de l’image animée, Eurimages

Avec la participation de   ZDF/ Arte, TRT

Et le support de  Medienboard, Berlin-Brandenburg, Vourld Cinema Fund

En collaboration avec  Hubert Bals Fund of Rotterdam Film Fesrtival, +90 Film Yapim, Ido

Développé avec le soutien du   Programme MEDIA de l’Union Européenne,

 

Fiche artistique :

Neslihan Atagül                         Zehra

Baris Hacihan                            Olgun

Özcan Deniz                               Mahur

Nihal Yalcin                               Derya

Yasemin Conka                         Meryem

Le film a été notamment présenté dans les festivals suivants :

Festival de Venise,

25ème Festival du Film de Tokyo    –   Prix de la meilleure actrice,

Festival du Film d’Abu Dhabi  –  Grand Prix,

         Festival de New York,         Adana Film Festival.

Pitch :

Zehra et Olgun travaillent tous deux dans la cafétéria d’une station service sur l’autoroute reliant Istanbul à Ankara. Ils cherchent à rompre la monotonie de leur quotidien en rêvant à quelque chose qui leur permette de s’en échapper. Pour Zehra, c’est le «prince charmant» qui l’emportera au loin. Pour Olgun, c’est le jeu télévisé, auquel il veut s’inscrire, qui lui apportera gloire et fortune.

La vie se chargera vite de les ramener à la réalité.

 

Synopsis :

 Zehra et Olgun, deux adolescents sur le point de passer à l’âge adulte. De l’enfance, ils ont encore les rêves qui leur permettent de s’échapper d’un quotidien morne et monotone. De l’âge adulte, ils ont déjà l’obligation de travailler car leurs familles ont besoin de leurs salaires pour joindre les deux bouts.

Le rêve de Zehra est de trouver l’amour qui l’emmènera loin de cette ville grise et triste. La jeune fille travaille dans la cuisine d’une cafétéria au bord d’une autoroute où les routiers s’arrêtent pour se restaurer puis repartent vers le monde qui, pour elle, ne peut être que plus beau et meilleur qu’ici. A la maison, c’est avec des parents stricts sur les traditions qu’elle doit cohabiter. C’est donc d’autant plus facilement que, lors d’une noce, Zehra tombe sous le charme d’un de ces routiers, Mahur. Elle croit avoir trouvé l’amour et se voit déjà partir.

Olgun est serveur dans la même cafétéria que Zehra. Il rêve aussi de sortir de la médiocrité, de libérer sa mère de ce mari alcoolique qu’il méprise. Lorsqu’il ne fait pas les quatre cents coups avec son copain Rafat, il regarde un jeu télévisé, «Deal or no Deal». Son rêve? Y jouer, rafler les prix et vivre comme un nabab. Et aussi épouser Zehra.

Mais la réalité est bien moins romantique et surtout impitoyable.


Bio-filmographie de la réalisatrice :

 Yesim Ustaoglu est née en novembre 1960 à Çaykara, en Turquie orientale. Elle a grandi à Trabzon sur les bords de la Mer Noire. Après avoir étudié l’architecture à l’université technique d’Istanbul, elle fait une courte carrière d’architecte avant de se lancer dans le journalisme et la critique de films. En 1984, elle réalise son premier court-métrage. Son premier long métrage, La Trace, sera réalisé en 1994. La reconnaissance internationale vient avec Voyage vers le soleil et sa sélection au festival de Berlin en 1999 (Prix de l’Ange Bleu). Son quatrième long métrage, Pandora’s  Box, obtient le Grand Prix du festival de San Sebastian en 2008. ARAF son cinquième film est tout d’abord présenté au Festival de Venise dans la section Orrizonti. Il reçoit le Grand Prix du Festival d’Abu Dhabi.

Filmographie

1984 To Catch a Moment (court-métrage)

1989 Magnafantagna (court-métrage)

1990 Duet (court-métrage)

1992 Hotel (court-métrage)

1994 The Trace

1999 Journey to the Sun

2003 Waiting for the Clouds

2004 Life on their Shoulders (court-métrage documentaire)

2008 Pandora’s Box

2010 Three Seasons a Life Black Sea Highlands (documentaire)

2012 ARAF – Somewhere in Between


Une cinéaste engagée :

 Si l’on excepte son premier film La Trace – film noir où un détective cherche à découvrir les causes de la mort d’un artiste – et ses premiers courts-métrages, tous les films de Yesim Ustaoglu expriment l’intérêt et l’attention que porte la réalisatrice aux questions sociales et politiques auxquelles son pays est confronté. Cet intérêt s’accompagne à chaque fois d’une volonté de trouver une nouvelle perspective, un angle différent dans l’étude du phénomène traité par le film. Voyage vers le soleil (1999) aborde la question kurde; En attendant les nuages (2003) rappelle la persécution  (« le génocide » entre guillemets car non reconnu par les instances internationales) oubliée, ou refoulée, des populations grecques pontiques – celles qui vivaient dans la région natale de Yesim Ustaoglu, qui furent chassées – vers la Grèce à l’ouest ou vers la Russie à l’est – ou massacrées par les autorités turques immédiatement après la première guerre mondiale. Dans Pandora’s Box trois thèmes se partagent l’intrigue: la crise sociétale d’une population encore partagée entre tradition ancestrale et le développement économique et urbain auxquels s’agrège le vieillissement et son apparition presque corollaire d’une maladie «moderne», l’Alzheimer. Le dernier thème est le désarroi de la jeunesse. Thème qui revient d’ailleurs de façon plus aigüe dans ARAF, où Zehra et Olgun sont les archétypes de personnages d’adolescents peinant à trouver leur place dans une société postindustrielle où le développement libéral (au sens économique du terme) laisse peu de choix pour sortir de la misère aux habitants de régions périphériques laissées pour compte avec leurs industries obsolètes. On remarquera enfin que ces thèmes, qui touchent profondément la société turque, ont aussi une portée universelle. La réalisatrice Yesim Ustaoglu en est bien consciente et le traitement qu’elle fait de ses sujets autorise ce développement. En mettant en images ce qui touche son pays, c’est aussi à nous, habitants de l’Europe qu’elle s’adresse.

Martial Knaebel



Commentaire de la réalisatrice-scénariste  YESIM USTAOGLU

 Le relais routier

L’intrigue se situe dans un grand relais routier sur l’autoroute qui relie Istanbul et Ankara. Cet endroit est un complexe comprenant une station-service, une cafétéria, de quoi loger les chauffeurs routiers et diverses boutiques. Tout cela est fréquenté par une foule de gens chaque jour. Au moment du tournage de mon film précédent Pandora’s Box, nous fréquentions souvent ce genre de complexes routiers. C’était intéressant de voir comment les clients réguliers devenaient petit à petit plus familiers avec le personnel. Un jour, j’ai saisi du coin de l’oeil une petite scène. Ça se passait un matin de pluie mélancolique comme dans ARAF, lorsque la jeune femme Zehra voit le chauffeur Mahur pour la première fois. Je me suis demandée à quoi cela pouvait ressembler de tomber amoureuse dans un tel endroit comme ce relais, éphémère, intangible, sans issue. C’est ainsi que l’idée d’ARAF est née et ensuite fut développée. Je n’ai eu besoin que de revenir au même endroit.»

« ARAF » signifie purgatoire ou limbes en turc. Un état d’attente entre le ciel et l’enfer. J’ai traduit ‘araf’ en ‘quelque part entre-deux’. Lorsque j’écrivais le scénario, la perception de la vie dans et autour de la station-service m’évoquait les limbes, un état d’attente qui n’est ni l’enfer, ni le paradis ; un état incertain, sans espoir, comme au purgatoire. A cette époque, je relisais la ‘Divine comédie’ de Dante, sa trilogie de l’enfer, du purgatoire et du paradis, et encore une fois j’ai ressenti que ce purgatoire, l’état de l’attente, était le plus difficile de tous. Cette équation est vraie pour tout le film. Et en regardant tous les personnages, les lieux et leurs vies, que j’avais créés pour ARAF, il devenait évident que tous vivaient dans une sorte de purgatoire.»

Jeunesse désespérée

L’expérience de jeunes gens vivant dans une région rurale de n’importe quel coin d’Anatolie, ou dans les banlieues d’Istanbul, correspond  assurément à la vie des personnages d’ARAF. Dans un sens, nous sommes aussi confrontés à une réalité sociale. Dans un tel monde, le futur qu’un jeune homme, ou une jeune femme, de classe populaire imagine pour lui, ou elle-même, n’est pas loin de l’absence de perspective, de l’impuissance de Zehra et Olgun. Et cette perception leur est aussi attristante qu’effrayante. Dans Pandora’s Box, j’avais déjà traité du désespoir de jeunes gens de la petite et moyenne bourgeoisie. Ce que je trouve angoissant c’est que même la dynamique de tomber amoureuse et l’attente de voir la douleur infligée par ce sentiment s’estomper, ces choses qui nous donnent le sentiment de vivre, est un luxe de classe. Zehra paie un lourd tribut pour ce luxe en raison de sa condition sociale.

Les sens de Zehra s’éveillent

Lorsque Zehra remarque le routier Mahur, elle commence à suivre, d’une façon inattendue et courageuse, ses sentiments et le désir qui s’éveille dans son corps. Cet amour porte tous ses sens à la vie. Elle commence à croire qu’elle peut tout conquérir. En même temps, elle est aussi trop inexpérimentée pour comprendre que sa propre situation ne lui permettra pas de mener la vie qu’elle voudrait. Elle finit dans un vide solitaire, elle se réfugie là où elle ne peut plus partager ses problèmes avec personne. Si son environnement familial s’était montré plus ouvert que juge, peut-être aurait-elle pu affronter différemment cette situation difficile. Mais dans son cas, cette situation est une spirale qui, au bout du compte, a failli lui coûter la vie. L’histoire de Zehra est du genre de celles qu’on peut régulièrement lire dans des brèves dans les journaux, et on pourrait même secrètement condamner son acte. Mais, en fait, une fois qu’on pénètre dans son univers, on éprouve petit à petit plus de compréhension et de tolérance pour le genre de vie qu’elle mène.

Neslihan Atagül est Zehra

Au moment de confier un personnage aussi difficile que Zehra à une actrice, particulièrement après l’avoir intériorisé pendant la phase de l’écriture, le choix devait être fait avec beaucoup de précaution et de justesse. J’ai rencontré beaucoup de jeunes femmes talentueuses, des amateurs ou des professionnelles, et j’ai finalement rencontré Neslihan Atagül.   J’ai tout de suite su qu’elle était celle que je cherchais, tant son énergie, sa concentration et son contact avec moi étaient profonds et dynamiques. Toute l’équipe a également apprécié de travailler avec elle durant le tournage.

Et j’ai toujours autant de plaisir à regarder Zehra dans chaque plan du film.

Baris Hacihan est Olgun

Olgun a lui aussi dix huit ans et travaille au relais routier avec Zehra dont il est follement amoureux. Tout comme Zehra, Olgun est assez naïf pour placer ses espoirs dans des shows télévisés, qui font croire à l’argent facile et qu’ils changeront sa vie. Cependant, c’est aussi un garçon intelligent et très loyal, sur le point d’atteindre sa majorité. A la différence de Zehra, il ne prévoit pas de faire sa vie ailleurs que dans sa ville provinciale enfumée par les aciéries. Olgun est aussi un enfant malheureux – il n’arrive pas à aimer, ni à respecter, un père malhonnête et alcoolique, et a très peur de devenir comme lui. Olgun place alors ses espoirs dans le rôle du héros local qu’il deviendrait en touchant le jackpot dans un concours. Tout va bien tant que ses rêves vont, jusqu’au moment où même eux volent en éclats. Olgun est incarné par Baris Hacihan. ARAF est son premier film. Quand je regarde Baris, encore maintenant, j’ai tendance à le confondre avec Olgun. C’est pourquoi j’aime et je crois dans chacun des plans où il apparaît.

L’autoroute Istanbul-Ankara

Le relais routier de ARAF est situé au bord de l’autoroute Istanbul-Ankara, à côté d’une petite ville industrielle. C’est l’autoroute la plus fréquentée de toute la Turquie, qui relie Istanbul, considérée comme une des villes-capitales du monde, et Ankara, la capitale de la Turquie. C’est une des régions les plus industrielles de Turquie,  mais elle reste pourtant coincée entre modernité et tradition rurale. A côté, la ville de Karabük qui fut une des avant-gardes de la Turquie moderne, avec son fer et ses aciéries établies dans les années 30, semble maintenant avoir la vie et la mentalité d’une ville rurale. Elle devrait incarner la modernité mais ressemble plutôt à une ancienne reine de beauté ayant perdu sa popularité. Ce contraste marqué m’a fait forte impression. J’ai toujours affirmé que la vie est une affaire de perception. Chaque moment que nous n’avons pas vu, entendu, touché ou senti commencera à se refléter en nous d’une manière très différente et prendra une toute autre forme, une fois que nous l’aurons vécu. Avec ARAF, j’ai essayé de toucher à ces moments suspendus et aux sentiments qui peuvent éclore.

(Traduit du dossier de presse anglais avec l’amicale autorisation de Walter Ruggle – Trigon-Film)

 

 

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